SNSM Le Croisic : au cœur de l’engagement des Sauveteurs-Nageurs de Bord (SNB)

Au Croisic, le sauvetage en mer ne se résume pas à une alerte radio. C’est une école de l’humilité, un engagement du quotidien, porté par des femmes et des hommes qui conjuguent passion, technicité et cohésion.

Ce reportage met en lumière une fonction encore trop discrète : celle des Sauveteurs-Nageurs de Bord (SNB), spécialistes de l’intervention en mer, au plus près des naufragés.

Le président de la station SNSM du Croisic en tenue orange, en lien avec les missions des Sauveteurs-Nageurs de Bord.

Engagement partagé au sein de la SNSM du Croisic

Depuis 2013, Gérard Le Cam préside la station SNSM du Croisic avec constance et détermination. Derrière le calme apparent, un regard affûté sur l’évolution du secours en mer et sur les besoins matériels des équipages.

À ses côtés, Benoît, ancien pompier volontaire spécialisé en sauvetage aquatique, aujourd’hui référent SNB (Sauveteur-Nageur de Bord), incarne la transmission. Sa double expérience – secours côtier et embarqué – nourrit une pédagogie ancrée dans le réel.

Si ces deux figures sont ici mises en lumière, c’est aussi pour mieux souligner le travail d’équipe indispensable au bon fonctionnement de la station. Car derrière chaque action, c’est l’ensemble des bénévoles de la SNSM du Croisic qui fait preuve d’un engagement remarquable, chacun à son poste, chacun avec ses compétences et sa disponibilité.

« Une de mes destinées, sans doute, après avoir, à 13 ans, sauvé instinctivement ma cousine du fond de la piscine municipale qui venait d’ouvrir en 1976 dans ma commune d’origine. »

Le bateau de sauvetage Pierre Bouguer de la SNSM du Croisic en mer avec les Sauveteurs-Nageurs de Bord à bord.

Des moyens nautiques à la hauteur des enjeux

Dans un monde en perpétuelle évolution, la SNSM se doit d’équiper ses stations de matériel adapté : au niveau des navires, bien sûr, mais aussi des tenues des équipiers – où la sécurité doit être portée au plus haut niveau – et des formations continues de ses membres.

Dernier fleuron arrivé : la vedette SNS 17-08 « Pierre Bouguer », un canot hauturier de 17,50 m, propulsé par deux moteurs de 700 CV. Sa vitesse de pointe de 25 nœuds et son rayon d’action porté à 50 miles nautiques élargissent considérablement le champ d’intervention.

Parmi ses équipements : caméra thermique, écope de récupération de naufragés, et électronique de dernière génération. Déjà opérationnelle sur le parc éolien offshore, elle a prouvé son efficacité lors du sauvetage récent d’un chalutier. Ce nouveau navire s’inscrit dans une logique d’adaptation au paysage maritime de notre zone d’intervention, qui s’étend entre Le Croisic, Belle-Île et Noirmoutier.

Bientôt, un nouveau semi-rigide amphibie Sealeg rejoindra la station, renforçant l’action côtière. Mais Gérard le rappelle :

« Tous ces équipements sont rendus possibles par la générosité des donateurs, sans qui rien de cela ne serait durable. »

Référent Sauveteur-Nageur de Bord de la SNSM à bord d’un navire, entouré d’équipiers en tenue de sauvetage.

Devenir SNB : une formation au millimètre

Autrefois peu utilisée, la fonction de SNB (Sauveteur-Nageur de Bord) est aujourd’hui reconnue comme un appui précieux pour le patron de l’intervention, notamment dans les zones peu profondes où l’envoi du bateau pourrait mettre en danger le moyen nautique. Grâce à leur grande aquacité, les SNB peuvent se rendre rapidement au plus près d’une victime immergée pour en permettre la récupération en toute sécurité.

Être SNB (Sauveteur-Nageur de Bord), c’est plus qu’un titre : c’est une préparation exigeante, fondée sur l’aisance aquatique, mais aussi sur l’endurance et la rigueur. La formation demande une année complète de préparation, en toutes conditions météorologiques.

Les prérequis :

  • Permis mer

  • CRR (radio)

  • PSE1 (secourisme)

Les épreuves :

  • Nager 50 m et remorquer un mannequin sur 100 m en moins de 4 mn

  • Tracter une remorque sur 100 m en travers du courant en moins de 10 minutes

  • Trois apnées à 3 m avec 10 secondes de récupération

  • Réaliser trois nœuds dans l’eau, mains cachées

Le tout est validé après 4 jours de stage intensif, ponctués de cas concrets mêlant sauvetage et gestes de secours.

Benoît, lui, va plus loin : il participe régulièrement en tant que SNB aux stages de formation des patrons organisés au PNF de Saint-Nazaire, où il se met à disposition des apprenants pour des exercices sur vedette ou semi-rigide. Il a également contribué en tant qu’aide-formateur à l’encadrement de stages SNB, transmettant une expertise patiemment acquise.

Cinq Sauveteurs-Nageurs de Bord de la SNSM en combinaison de plongée, debout dans l’eau lors d’un entraînement côtier.

Une dynamique d’équipe sans relâche

Au Croisic, pas de coach, mais une force collective.

« Élément moteur, il est vrai, au départ, j’ai vu naître aujourd’hui un groupe de nageurs soudés. La dynamique est là et nous prenons plaisir à nous entraîner. »

Les exercices de nage ont lieu en général deux fois par semaine. Les entraînements SNB avec le canot ou le semi-rigide sont organisés le plus régulièrement possible. L’organisation est en cours de réajustement avec l’arrivée récente du nouveau canot, et sera prochainement réorganisée avec la mise en service du semi-rigide amphibie Sealeg. Toujours est-il que ces exercices sont indispensables au maintien des acquis et à l’osmose de l’équipage, puisque les interventions se font avec des équipages souvent très mixtes selon les présences au moment de l’alerte.

Les séances se déroulent sur des parcours déclarés et reconnus par les autorités portuaires. Il existe quelques règles strictes, comme l’obligation de nager au minimum en binôme formé SNB, avec un rescue-tube pour le groupe. Lorsqu’un apprenant est présent, un accompagnant référent SNB est systématiquement dans l’eau pour encadrer la séance.

L’équipe actuelle : Nous sommes un groupe de 9 SNB, dont une femme, une apprenante et un semi-apprenant issu du sauvetage de plage. Parmi nous, quatre référents ont été retenus parmi les membres formés SAR SR (patrons de sortie en semi-rigide), assurant l’encadrement technique et la transmission au sein du collectif.

Sauveteurs-Nageurs de Bord de la SNSM du Croisic en simulation de sauvetage en mer, en pleine action avec palmes et matériel de flottaison.

Geste technique, vigilance et réactivité

Lors des exercices, l’équipe révise régulièrement l’ensemble des techniques propres à la fonction de SNB. Cela va de la simple mise à l’eau et sortie depuis le moyen nautique, à l’utilisation de matériel spécifique comme :

  • Mise à l’eau / sortie de vedette

  • Utilisation du filet Markus pour repêcher un naufragé

  • Immobilisation avec plan dur ou attelles

  • Extraction de victime sur rochers

  • Bilans secouristes, usage du sac de secours et gestes d’urgence

Chaque exercice vise à développer une réactivité sans faille et une maîtrise complète du matériel embarqué.

Une station ouverte sur son environnement

Issu du monde des sapeurs-pompiers, Benoît reste à l’écoute de ses anciens collègues pour organiser des exercices communs. Toutefois, le temps manque souvent pour en planifier davantage, tout comme pour développer des entraînements réguliers avec les stations SNSM voisines.

« Les manœuvres hélico ont lieu assez fréquemment, mais seuls le barreur et le radio sont actuellement en action sur notre canot. Nous espérons pouvoir mettre en place des formats plus sophistiqués, où les SNB auraient également un rôle à jouer. »

Cette ouverture se renforce aussi à travers les échanges avec les stations voisines, dans un esprit de collaboration territoriale.

L’esprit SNSM : entre transmission et vocation

En tant que SNB, la limite d’âge opérationnelle est atteinte aux 62 ans révolus. Au-delà, la fonction peut être maintenue dans le cadre des exercices et des formations, à condition de présenter une aptitude médicale validée. Cette transition permet aux anciens de continuer à s’investir, en partageant leur expérience et en soutenant les nouvelles générations de sauveteurs.

Les qualités requises ?

« La passion de l’eau est un plus, c’est certain. Posséder une bonne endurance pour affronter les éléments que sont le froid, les vagues, la force du courant… et savoir travailler en équipe. »

Et aux jeunes, Benoît adresse ce message simple et puissant :

« Altruisme dans l’action, qui est si belle. »

Conclusion – Une mémoire, un futur

« Une intervention de sauvetage côtier, deux enfants toulonnais dans mes bras, ils m’ont serré si fort que je m’en souviens encore… »

Ces mots résument toute l’humanité de cet engagement bénévole, qui n’est pas un métier, mais une vocation au service des autres.

Cet article met en lumière le rôle des Sauveteurs-Nageurs de Bord : une équipe soudée, engagée, qui s’entraîne sans relâche, transmet son savoir-faire et intervient avec détermination. Il vise à inspirer des vocations, renforcer le lien local, et faire mieux connaître l’engagement de ces hommes et femmes au service de la vie.

Entre modernisation des moyens, exigence physique, formation rigoureuse et transmission des savoirs, la SNSM du Croisic incarne les valeurs profondes du sauvetage en mer : enracinée dans son territoire, résolument tournée vers l’avenir.

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