Muscle et santé publique : replacer la force au cœur de notre avenir

18 septembre 2025
Thierry BLANCHET
Portrait de Vincent Varlet, en fauteuil roulant, engagé dans la recherche sur le muscle et la santé publique.

Introduction et enjeux

Le muscle santé publique est un enjeu majeur : souvent associé au sport ou à la force physique, il est en réalité un organe vital qui joue un rôle central dans notre santé globale, notre autonomie et notre longévité.
Il nous permet de respirer, de marcher, de digérer, de soutenir la santé cérébrale, et même de nous défendre contre les maladies.

Pourtant, malgré son importance, le muscle reste méconnu et sous-estimé dans les politiques de santé publique.
Depuis plus de 25 ans, l’Institut de Myologie, fondé par l’AFM-Téléthon à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, mène des recherches pionnières pour mieux comprendre cet organe fascinant et replacer la santé musculaire au centre des enjeux collectifs.

Aujourd’hui, une étape majeure a été franchie : la création de la Fondation du Muscle, première fondation au monde dédiée au muscle.
Elle vise à rassembler la recherche, l’innovation, les soins et la formation pour faire reconnaître le muscle non seulement comme un moteur de mouvement, mais comme un acteur central de la prévention et de la santé publique.

Pour mieux comprendre cette transformation et ses enjeux, découvrons Vincent Varlet, médecin et secrétaire général de l’Institut, qui nous partage sa vision d’un avenir où le muscle sera enfin reconnu à sa juste place.

Vincent Varlet et la mission de l’Institut

Médecin urgentiste pendant douze ans, Vincent Varlet a acquis une solide expérience du terrain, au plus près des situations où le muscle joue un rôle vital.
Il a ensuite travaillé plus de vingt ans dans l’industrie pharmaceutique, notamment chez Servier, Ipsen et Novartis, où il a occupé des postes stratégiques.
Parallèlement, il s’est engagé dans l’innovation numérique en santé, en dirigeant des start-ups et en présidant LeLab eSanté.

Vincent Varlet : « Mon rôle est de gérer et piloter l’association qui n’était consacrée qu’aux maladies neuromusculaires vers une Fondation du Muscle avec des objectifs plus larges, bien sûr majoritairement pour le bien des patients dans la prise en charge, l’évaluation et la recherche, mais également vers une mission d’enjeu de santé publique. »

Son parcours et sa vision s’appuient sur un solide héritage : plus de vingt-cinq années d’expertise scientifique et médicale au service du de l’innovation.

25 ans d’expertise au service du muscle

Créé par l’AFM-Téléthon, l’Institut de Myologie est un centre unique au monde, entièrement dédié à l’étude du muscle et des maladies neuromusculaires.
Il réunit chercheurs, cliniciens, kinésithérapeutes et ingénieurs dans une approche pluridisciplinaire.

Initialement consacré aux maladies rares, l’Institut a progressivement élargi son champ d’action à la santé musculaire de l’ensemble de la population.
Ses travaux concernent désormais chacun, de l’enfance au grand âge.

Ses équipes disposent d’outils de pointe pour collecter et analyser des données grâce à :

  • des évaluations kinésithérapeutiques précises,

  • l’imagerie par résonance magnétique (RMN),

  • des analyses microscopiques des tissus musculaires,

  • et des essais cliniques innovants.

Vincent Varlet : « Malheureusement, ces résultats sont encore trop peu exploités car la recherche fonctionne en silos. Notre vision, c’est la transversalité autour du muscle. »

Fort de cette expérience unique, l’Institut franchit une nouvelle étape en donnant naissance à la Fondation du Muscle.

Panneau annonçant la pose de la première pierre de la Fondation de Myologie, dédiée à la santé musculaire et à la recherche en santé publique.

La Fondation du Muscle : un projet pour demain

La Fondation du Muscle a pour but de rassembler en un seul lieu toutes les compétences nécessaires pour comprendre, soigner et protéger le muscle.

Elle intègre :

  • recherche fondamentale et clinique,

  • imagerie médicale avancée,

  • anatomopathologie,

  • banques de muscles,

  • soins et rééducation,

  • formation des professionnels au niveau international.

Pour mener à bien ce projet ambitieux, l’Institut devra tripler son budget actuel, principalement financé par le Téléthon, les dons, ainsi que par des partenariats publics et privés.

Le muscle, organe central de notre santé

Un organe vital et sous-estimé

Le muscle représente environ 50 % de notre masse corporelle.
Son rôle dépasse largement la locomotion. Il permet de :

  • respirer et soutenir la fonction cardiaque,

  • stabiliser la posture et l’équilibre,

  • protéger les os et prévenir l’ostéoporose,

  • réguler le métabolisme,

  • soutenir l’immunité,

  • préserver la santé mentale.

Vincent Varlet : « C’est un organe à part entière qui agit sur de nombreux autres organes, comme le cerveau, et qui protège contre des complications à tout âge. »

Infographie de l’AFM-Téléthon illustrant les bienfaits du muscle sur la santé publique, avec les effets positifs de l’exercice musculaire sur le corps et les fonctions vitales.

Les myokines : messagers invisibles et puissants

Lorsqu’il est sollicité, le muscle sécrète des myokines, molécules qui agissent sur tout l’organisme et apportent des bénéfices considérables.

Vincent Varlet : « On connaît l’effet de l’exercice sur le diabète, l’hypertension et l’obésité, mais on connaît moins les autres bénéfices de ces fameuses substances. »

Effets des myokines :

  • réguler la glycémie et prévenir le diabète,

  • réduire l’obésité et l’hypertension,

  • améliorer l’humeur et réduire la dépression,

  • ralentir certaines maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson,

  • réduire le risque de récidive de certains cancers,

  • protéger les muscles lors de traitements lourds comme la chimiothérapie.

Ces découvertes renforcent la vision du muscle comme acteur thérapeutique naturel, au même titre que le cœur ou le foie.

Un médecin en discussion avec une patiente dans les couloirs de l’Institut de Myologie, centre dédié à la recherche sur le muscle et la santé publique.

Prévenir la fonte musculaire à tout âge

Connaître le rôle du muscle, c’est bien. Agir au quotidien pour le préserver, à chaque étape de la vie, c’est encore mieux.

Enfance et adolescence

La sédentarité progresse dangereusement, aggravée par l’explosion du temps d’écran et les confinements récents.

Vincent Varlet : « Sans dépenser un euro, on peut faire de la marche ou du vélo. C’est aussi le rôle des parents de surveiller et de limiter le temps d’accès aux écrans. »

Priorités :

  • encourager l’activité physique dès le plus jeune âge,

  • développer la culture du sport dans les écoles et associations,

  • favoriser les déplacements actifs comme la marche et le vélo,

  • limiter le temps passé assis ou devant un écran.

Pour approfondir, découvrez nos conseils sur la prévention de la sédentarité.

Âge adulte : entretenir son capital musculaire

Le capital musculaire acquis dans la jeunesse doit être préservé par des habitudes simples :

  • marcher 10 000 pas par jour,

  • prendre les escaliers,

  • porter ses courses,

  • descendre une station avant son arrêt.

Vincent Varlet : « Pas besoin d’abonnement coûteux, la marche c’est gratuit. »

Vieillissement et sarcopénie

Avec l’âge, la sarcopénie — perte progressive de masse musculaire — devient un enjeu majeur.
Sans entretien, une personne peut perdre jusqu’à 25 % de sa masse musculaire entre 25 et 65 ans.

Conséquences :

  • chutes et fractures,

  • perte d’équilibre et d’autonomie,

  • fragilisation de l’organisme.

L’activité physique adaptée et régulière protège contre ce déclin.
Chez les femmes après la ménopause, elle prévient également la fragilisation osseuse et les fractures.

Conseils pratiques

Pour préserver sa santé musculaire :

  • pratiquer une marche rapide 2 à 3 fois par semaine, 45 minutes à 6 km/h,

  • suivre ses progrès avec une application,

  • se motiver en groupe ou en famille.

Vincent Varlet : « Une marche rapide régulière est plus bénéfique qu’un effort intense et épuisant. »


Erreurs à éviter

  • reprendre une activité intense après une longue période d’inactivité,

  • négliger la consultation médicale en cas d’antécédents cardiaques,

  • privilégier la régularité à la performance immédiate.

Muscle et maladies chroniques

Muscle et maladies chroniques : un allié thérapeutique

Préserver sa force ne sert pas seulement à rester autonome. C’est aussi un allié majeur dans la lutte contre les maladies chroniques, qui concernent une grande partie de la population.
Bouger régulièrement permet de :

  • maintenir la masse musculaire,

  • renforcer le système immunitaire,

  • mieux tolérer les traitements,

  • favoriser la récupération.

Vincent Varlet : « Le muscle est un partenaire thérapeutique complémentaire aux soins médicaux. »

Exemple : le COVID-19

La pandémie de Covid-19 en a donné une illustration frappante.
Chez les patients intubés, la masse musculaire, y compris celle du diaphragme, a fondu très rapidement.

Vincent Varlet : « Certains patients ont dû réapprendre à respirer grâce à une rééducation intensive. »

Cette expérience illustre la résilience du muscle : même après une perte importante, il peut se régénérer avec un programme adapté et encadré.

Présentation sur l’IRM musculaire devant un groupe de personnes, illustrant la sensibilisation à la santé du muscle dans un contexte de santé publique.

Recherche, innovations et mobilisation collective

L’Institut de Myologie est reconnu mondialement pour ses recherches.
Il collabore avec des équipes internationales, dans l’univers du sport et même dans la conquête spatiale, où la santé musculaire est cruciale.

Actuellement, le département i-Motion mène plus de 60 essais cliniques, centrés sur le suivi des enfants et des adultes.
Ces projets incluent :

  • des thérapies géniques avec Genethon,

  • l’utilisation de l’intelligence artificielle pour l’imagerie,

  • de nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques.

Mobilisation collective

Ces avancées scientifiques, aussi prometteuses soient-elles, ne peuvent porter leurs fruits sans une mobilisation collective des institutions, associations et citoyens.

  • collectivités locales : infrastructures, parcours santé, activités,

  • associations : accès au sport pour tous,

  • campagnes nationales, comme la Semaine du Muscle, labellisée Grande Cause Nationale 2024.

Vincent Varlet : « Les confinements ont transformé les jeunes en ‘patates de sofa’. Le taux d’obésité et d’inactivité a explosé. Nous aurons des conséquences sur la santé de demain. »

Nous ne voyons par ailleurs rien de l’héritage des JO tant promis, c’est dommage.

Pour aller plus loin, consultez notre page sur la prévention en santé publique et soutenez la recherche sur lemuscle.fr.

Conclusion : bâtir une société plus forte

Cet engagement collectif s’inscrit dans une vision plus large : bâtir une société plus forte, où la santé musculaire est reconnue comme une priorité.

Le muscle est bien plus qu’un moteur de mouvement.
C’est un organe thérapeutique et préventif, indispensable à notre autonomie et à notre santé.

Prendre soin de ses muscles, c’est aussi agir pour la muscle santé publique, prévenir les maladies chroniques et bâtir une société plus active et résiliente.

Vincent Varlet : « Chaque pas compte, qu’il s’agisse de marcher, de bouger au quotidien ou de soutenir la Fondation du Muscle. »

Ensemble, redonnons au muscle la place qu’il mérite, pour vivre mieux, plus longtemps et en meilleure santé.
Découvrez les initiatives et soutenez la recherche sur : lemuscle.fr

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